Selon les experts, ces 3 facteurs déterminent le niveau en maths dès 7 ans

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En France, seulement 30% des filles choisissent de poursuivre des études en mathématiques après le baccalauréat, contre 70% des garçons. Cette disparité soulève une question essentielle : le niveau en mathématiques est-il influencé par le genre et le milieu social ?

Les stéréotypes de genre et les inégalités socio-économiques semblent jouer un rôle non négligeable dans l’accès et la réussite en mathématiques. Les filles et les élèves issus de milieux défavorisés sont-ils désavantagés dès le départ, ou existe-t-il des facteurs plus complexes en jeu ?

Analyse d’une problématique qui touche au cœur de notre système éducatif et de notre société.

L’analyse de Stanislas Dehaene président du conseil scientifique de l’éducation nationale

Stanislas Dehaene, à 52 ans, occupe le poste de professeur au Collège de France, où il est titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale. Depuis sa nomination en 2005, il préside également le Conseil scientifique de l’Éducation nationale, jouant un rôle clé dans l’amélioration des méthodes d’enseignement.

En 2002, il a fondé le Laboratoire de neuro-imagerie cognitive de Saclay, au Centre Neurospin, contribuant à des avancées significatives dans la compréhension du cerveau humain. Sa découverte de la « Boîte aux lettres du cerveau » en 2000, réalisée avec Laurent Cohen et Lionel Naccache, a marqué un tournant dans les neurosciences.

Parmi ses réalisations, Dehaene a identifié trois variables-clés pour réussir l’apprentissage de la lecture :

  • la conscience phonémique
  • la richesse du vocabulaire oral
  • la présence de livres à la maison

Il a aussi observé que les enfants confondent souvent les lettres b et d en raison de la symétrie naturelle des objets, un challenge que l’apprentissage doit surmonter. Ses recherches avec Ghislaine Dehaene-Lambertz ont montré l’apparition rapide du circuit de la lecture chez les enfants de CP.

Le décrochage des filles en mathématiques dès le CP : une dynamique diffuse dans la société est un sujet d’étude qui met en lumière des dynamiques similaires dans l’éducation.

Comment Dehaene aborde-t-il les troubles de l’apprentissage ?

Stanislas Dehaene propose une approche scientifique pour traiter les troubles de l’apprentissage, tels que le TDAH. Il a développé des logiciels éducatifs, traduits en sept langues, pour aider les enfants en difficulté, notamment ceux issus de milieux défavorisés. Ces outils ont démontré leur efficacité en améliorant la concentration des enfants, avec des effets comparables à ceux de la ritaline. Cette approche met en avant l’importance d’une intervention précoce et adaptée pour combler les inégalités éducatives.

Dehaene explore également la plasticité du cerveau, observée chez les musiciens et les mathématiciens. Cette capacité du cerveau à s’adapter et à réorganiser ses circuits est un atout majeur dans le traitement des troubles de l’apprentissage.

Il propose une approche scientifique des troubles comme le TDAH, montrant que des logiciels adaptés peuvent améliorer la concentration. Son exploration de la singularité du cerveau humain, notamment la capacité d’« enchâssement récursif des objets mentaux », souligne les fondements communs de la syntaxe, des mathématiques, de la musique et de la « théorie de l’esprit ».

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Quels sont les problèmes éducatifs identifiés par Dehaene ?

Stanislas Dehaene a identifié plusieurs problèmes éducatifs, notamment le décrochage des filles en mathématiques dès le CP. Une étude menée par T. Breda, J. Sultan Parraud et L. Touitou révèle que les filles, dès le milieu du CP, commencent à décrocher, perdant en moyenne près de sept rangs en CE1 par rapport aux garçons du même centile. Ce décrochage est observé sur l’ensemble du territoire, indépendamment des configurations familiales ou du type d’école.

Les évaluations nationales standardisées, administrées à plus de 2,5 millions d’élèves entre 2018 et 2022, montrent que l’écart de performance entre les sexes se creuse dès le CP.

Certains facteurs atténuants ont été identifiés : une majorité de filles dans la classe, un enseignant féminin et des écoles situées en REP+ réduisent le décrochage. Les résultats indiquent que l’écart de performance entre les sexes en mathématiques se creuse dès le CP et se maintient à travers les niveaux scolaires. Ces observations soulignent la nécessité d’une approche globale pour aborder les inégalités éducatives.

Stéréotypes de genre, environnement familial et influence des enseignants

La perception des mathématiques par les élèves peut jouer un rôle capital dans leurs performances académiques. Les stéréotypes de genre associés aux mathématiques influencent souvent la confiance en soi des élèves, en particulier chez les filles. Ces stéréotypes, profondément ancrés dans la société, peuvent amener les filles à douter de leurs compétences en mathématiques, même lorsque leurs performances sont équivalentes à celles de leurs homologues masculins. Pour contrer cet effet, il faut promouvoir une image positive et inclusive des mathématiques dès le plus jeune âge, en valorisant la diversité des modèles de réussite dans ce domaine.

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Un autre aspect à considérer est l’impact de l’environnement familial et social sur la perception des mathématiques. Les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés peuvent avoir moins accès à des ressources éducatives de qualité, ce qui influence leur perception et leur intérêt pour les mathématiques. Des études montrent que l’accès à des ressources éducatives telles que des livres et des jeux mathématiques à la maison peut stimuler l’intérêt et la compréhension des mathématiques chez les enfants. Le soutien parental, en termes d’encouragement et d’implication dans les activités scolaires, joue un rôle déterminant dans le développement d’une attitude positive envers les mathématiques.

L’influence des enseignants et de leurs attentes peut également affecter la perception et les performances des élèves en mathématiques. Les enseignants qui croient en l’égalité des capacités entre les sexes et qui adoptent des méthodes pédagogiques inclusives peuvent contribuer à réduire l’écart de performance entre les garçons et les filles. Les pratiques pédagogiques qui encouragent la participation active et valorisent la diversité des approches de résolution de problèmes peuvent aider à renforcer la confiance des élèves en leurs capacités mathématiques. Ces pratiques, en créant un environnement d’apprentissage positif, peuvent transformer la perception des mathématiques en une discipline accessible et attrayante pour tous les élèves.

Les différences de genre en mathématiques : une simple question de stéréotypes ?

À l’entrée à l’école primaire, les études montrent que filles et garçons possèdent des compétences équivalentes en mathématiques. Après seulement quatre mois d’école élémentaire, un écart de performance commence à se creuser. Cette divergence n’est pas due à un manque de capacité des filles, mais plutôt à des facteurs externes qui influencent leur confiance et leur perception des mathématiques.

Les stéréotypes de genre jouent un rôle significatif dans cette dynamique. Ils influencent non seulement la confiance des élèves, mais aussi leur anxiété face aux mathématiques. Les filles, en particulier, sont plus sujettes à l’anxiété dans un contexte scolaire compétitif. Cette anxiété peut affecter leur performance, surtout lors de tests stressants où la pression est maximale. Les méthodes d’enseignement, souvent inconscientes de ces biais, peuvent renforcer ces stéréotypes.

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Le milieu social des élèves a également une influence notable. L’implication des parents, surtout ceux issus de milieux favorisés ou ayant une formation scientifique, peut jouer un rôle fondamental dans l’écart entre filles et garçons. Un soutien parental fort et une exposition régulière à des modèles scientifiques peuvent aider à réduire cet écart et à renforcer la confiance des filles dans leurs capacités mathématiques.

Pour réduire ces inégalités, une meilleure formation des enseignants est recommandée. En dépassant les stéréotypes, les enseignants peuvent créer un environnement d’apprentissage plus équitable. Cela permettrait aux élèves de s’épanouir sans être limités par des attentes basées sur leur genre. Une attention particulière à ces dynamiques pourrait transformer l’expérience des filles en mathématiques et leur ouvrir de nouvelles perspectives.

Émilie (Angers) « L’absence de pression sociale m’ont permis de regagner confiance en moi »

Je me souviens encore de cette période où je me suis sentie découragée par les mathématiques. En CE1, j’ai participé à un concours de maths organisé dans notre école. Les garçons ont remporté la victoire, et cela a conduit à des devoirs supplémentaires pour nous, les filles. Cette expérience a renforcé un sentiment d’infériorité chez moi, et je n’étais pas la seule dans ce cas. Un professeur avait d’ailleurs exprimé ses préoccupations concernant les inégalités de genre dans l’enseignement des mathématiques. Cela m’a fait réaliser à quel point la pression sociale et les préjugés peuvent influencer notre perception de nos capacités.

Durant le confinement, j’ai remarqué un changement. Comme beaucoup d’autres filles, j’ai profité de cette période pour réduire l’écart avec les garçons en maths. L’absence de pression sociale directe et le fait de travailler à mon rythme m’ont permis de regagner confiance en moi. J’ai commencé à voir les mathématiques sous un autre angle, et cela m’a aidée à m’améliorer. Selon une étude publiée dans la revue Nature, cet effet a été observé chez de nombreuses filles, ce qui montre l’importance d’un environnement d’apprentissage équilibré.

Je fais partie d’une communauté en ligne où nous sommes environ 50,000 membres à discuter de nos expériences parentales. Pendant le confinement, je me suis souvent connectée, et nous étions en moyenne 25 en ligne à échanger sur nos enjeux et réussites. Ces discussions m’ont permis de comprendre que les filles sont souvent plus performantes dans certains types d’exercices, mais l’approche pédagogique traditionnelle ne le reflète pas toujours. Cela m’a encouragée à continuer à persévérer et à soutenir mes enfants pour qu’ils ne ressentent pas les mêmes barrières que moi.

 

Fabrice DURAND

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé terminales.fr pour vous accompagner dans le choix de vos études supérieures. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire, et de nombreux sites consacrés aux métiers.

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