Selon une étude publiée en janvier 2024 par le Ministère de l’Éducation nationale, les résultats des élèves français aux évaluations de mathématiques ont connu une baisse significative, atteignant leur niveau le plus bas depuis une décennie. Ce constat alarmant met en lumière des lacunes persistantes dans l’apprentissage des compétences mathématiques fondamentales, essentielles à la réussite scolaire et professionnelle.
Les facteurs de cette dégringolade sont nombreux : méthodes pédagogiques inadaptées, manque de formation continue pour les enseignants, ou encore une désaffection croissante des élèves pour la discipline. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement et les acteurs éducatifs sont appelés à réagir pour inverser la tendance et redonner aux mathématiques la place qu’elles méritent dans le cursus scolaire.
Dans cet article, on vous explique les raisons de cette chute, ses conséquences pour l’avenir des jeunes Français, et les solutions envisagées pour redresser la barre.
Les performances des élèves français en mathématiques
Les résultats du classement TIMSS 2023 révèlent que la France se situe à la 42e position pour les élèves de CM1 avec un score de 484 points. En comparaison, l’Angleterre, la Pologne et la Roumanie affichent respectivement des scores de 552, 546 et 542 points. Pour les élèves de quatrième, la France se classe 24e avec 479 points, tandis que des pays comme l’Angleterre et l’Irlande obtiennent respectivement 525 et 522 points. Ces résultats montrent que la France est en queue de peloton parmi les pays de l’Union européenne, avec un écart notable par rapport aux leaders comme Singapour et la Corée du Sud.
Les proportions d’élèves ne maîtrisant pas les compétences mathématiques élémentaires sont également préoccupantes. En CM1, 15% des élèves français sont concernés, contre une moyenne de 7% dans l’UE. En quatrième, ce chiffre s’élève à 17%, marquant une augmentation de 5 points depuis 2019. Seulement 3% des élèves français sont considérés comme très performants en mathématiques, contre 15% en Angleterre et 46% à Singapour. Ces chiffres soulignent la nécessité d’améliorer l’enseignement des mathématiques en France pour combler ces lacunes.
Les inégalités de genre se creusent également, avec un écart de performance de 23 points en faveur des garçons en CM1. Cet écart était de 13 points en 2019 et de 6 points en 2015. Ces disparités s’accentuent au fil des années, mettant en lumière un problème persistant dans le système éducatif français. Les élèves français, en particulier les filles et ceux issus de classes sociales défavorisées, rencontrent des difficultés croissantes dans l’apprentissage des mathématiques et des sciences.
La formation des enseignants et son impact
La formation des enseignants en France semble insuffisante par rapport à d’autres pays. Actuellement, 85% des professeurs des écoles suivent une formation continue de 30 heures tous les six ans et 9 heures par an. En comparaison, à Singapour, les enseignants bénéficient de 100 heures de formation par an, ce qui pourrait expliquer en partie les excellents résultats des élèves singapouriens. Cette différence de formation met en évidence un besoin d’investissement accru dans le développement professionnel des enseignants français.
Les critiques, notamment de la part de Cédric Villani, soulignent un manque d’élan et de moyens pour la mise en œuvre des plans d’amélioration des compétences mathématiques. Les efforts actuels semblent insuffisants pour répondre aux défis posés par la demande croissante de compétences scientifiques dans un monde de plus en plus technologique. Une formation plus intensive et régulière des enseignants pourrait contribuer à améliorer les résultats des élèves.
Pour renforcer l’enseignement des mathématiques, plusieurs mesures pourraient être envisagées :
- Augmenter le nombre d’heures de formation continue pour les enseignants.
- Intégrer des méthodes pédagogiques innovantes et adaptées aux besoins des élèves.
- Promouvoir l’égalité des sexes dans l’apprentissage des mathématiques.
Ces initiatives pourraient aider à combler le fossé entre la France et les autres pays de l’UE.
Consultation citoyenne sur les mathématiques
Le CNRS a lancé une consultation citoyenne sur la place des mathématiques dans la société, ouverte du 10 mars au 30 avril 2025, dans le cadre de la Semaine des mathématiques. Cette initiative vise à mieux comprendre les attentes et les freins liés à l’apprentissage des mathématiques. Christophe Besse, directeur de l’Institut national des sciences mathématiques, souligne l’ambition de rendre les mathématiques plus inclusives et valorisées. Cette consultation s’inscrit dans un contexte où l’amélioration du niveau en mathématiques est devenue une priorité pour répondre aux exigences d’un monde technologique en pleine évolution.
Les résultats de cette consultation pourraient influencer les futures politiques éducatives en France. La participation active des citoyens permettra de recueillir des avis diversifiés sur les défis et les opportunités liés à l’enseignement des mathématiques. L’objectif est de créer un système éducatif plus adapté aux besoins actuels, en intégrant les mathématiques de manière plus significative dans la vie quotidienne.
Un tableau récapitulatif des scores en mathématiques des élèves de CM1 et de quatrième met en lumière les performances des élèves français par rapport à d’autres pays :
Pays |
CM1 |
Quatrième |
---|---|---|
📊 France |
484 |
479 |
📊 Angleterre |
552 |
525 |
📊 Singapour |
625 |
607 |
Ces données illustrent la nécessité d’une réforme éducative pour améliorer les performances des élèves français.
Les causes sous-jacentes de cette chute vertigineuse
La chute du niveau en mathématiques des élèves français ne peut être attribuée uniquement à la formation des enseignants ou aux méthodes pédagogiques. D’autres facteurs, souvent interconnectés, contribuent à cette situation préoccupante. Parmi eux, le manque de ressources éducatives adaptées joue un rôle fondamental. De nombreuses écoles souffrent d’un déficit en matériel pédagogique moderne, ce qui limite l’accès des élèves à des outils d’apprentissage interactifs et engageants. Les manuels scolaires, souvent jugés obsolètes, ne parviennent pas à susciter l’intérêt des élèves pour les mathématiques, matière qui nécessite pourtant un enseignement dynamique et actualisé.
Un autre aspect à considérer est l’importance de l’environnement familial et social dans l’apprentissage des mathématiques. Les élèves issus de milieux défavorisés rencontrent souvent des obstacles supplémentaires, tels que le manque de soutien à la maison ou l’absence de modèles positifs dans leur entourage. Ces facteurs peuvent affecter leur motivation et leur performance scolaire. Les inégalités sociales se traduisent par des disparités dans l’accès à des activités extrascolaires enrichissantes, comme les clubs de mathématiques ou les compétitions scientifiques, qui pourraient renforcer leur intérêt et leurs compétences dans cette discipline.
La perception des mathématiques dans la société française influence également le niveau des élèves. Les mathématiques sont souvent perçues comme une matière difficile et élitiste, ce qui peut décourager les élèves et créer une attitude négative dès le plus jeune âge. La valorisation des réussites en mathématiques dans les médias et l’encouragement à poursuivre des carrières scientifiques sont essentiels pour changer cette perception. Promouvoir des modèles de réussite diversifiés et accessibles pourrait inspirer davantage d’élèves à s’engager dans l’apprentissage des mathématiques et à envisager des carrières dans les domaines scientifiques et technologiques.
Documentation gratuite
Les solutions ?
– revenir aux anciennes méthodes
– supprimer les aides numériques
– recentrer l’enseignement primaire sur les fondamentaux : lire, écrire, compter.
Remettre les groupes de niveaux en place , rétablir l algèbre linéaire en seconde comme c était le cas en 1976 , rétablir les capacités de calculs, ne pas avoir peur de l abstraction, différentier les maths » outils » des parties plus abstraites
Rétablir la topo en classe prépa ….
D une façon générale redonner aux programmes des CPGE du volume. Bref arrêter de niveller par le bas !
Je suis d’accord. On ne cesse de niveler par le bas. J’ai maintes et maintes fois participer aux « harmonisations » du bac et du BTS . C’est l’académie qui fixe le seuil limite des candidats à l’obtention du diplôme afin de garantir le fameux pourcentage de réussite… Ils ont leur diplôme avec un niveau excessivement faible ! Pour certains, en n’ayant strictement rien fait, ni même ouvert un document de cours depuis la seconde ! Non je n’exagère rien ! C’est la vérité ! Je l’ai vécu pendant 25 ans.
Bravo
Les gamins sortent de primaire sans maîtriser la grammaire,l orthographe,les tables de multiplications !!!Leur écriture ressemblent à des hiéroglyphes !!!?? Les devoirs à faire à la maison sont presque inexistants !!!A qui la faute ?? Retour immédiat du Bled et du Bescherelle !! Suppression immédiat du digital !!! Suppression de certaines matières ou les tendres facultatives ,et création d autres en options pour se recentrer sur les matières d’avenirs !! Je sais ,ça va faire hurler certains. Au collège,les gamins n abordent l algèbre su en 5 ieme .En 6ieme , le programme de maths n est qu une révision du CM2 ,idem en français !!!! Je pense que vous sous estimez gravement la baisse du niveau général des gamins !!! Que chacun a une part de responsabilité mais au final c est l élève qui paie la facture !!! Entre les ministres qui décident et les enseignants récalcitrants au changement ,on sombre doucettement vers la médiocrité des eleves !!!! Bien sûr,les mêmes élèves issus de certaines CSP s en sortent mieux que d autres !!! Tous va bien ds le meilleur des …….
Oui, exactement + calcul mental important..
Etant moi même un enseignant de maths je pense que la baisse du niveau des élèves dans cette matière est dû essentiellement à la manière dont cette discipline leur est enseignée .Rien n’est fait au niveau du primaire pour intéresser les jeunes élèves à cette matière.les cours sont académiques et trop théoriques pour permettre une compréhension ludique et pédagogique qui permettrait une compréhension facile pour un public de jeunes enfants qui s’intéressent plus aux jeux vidéo qu’à autres choses.Revisiter les programmes au niveau du primaire pour les adapter aux capacités cognitives des jeunes enfants d’aujourd’hui est une priorité si on souhaite vraiment avancer dans le classement international en cette discipline.
Vous êtes enseignant de mathématiques dans le primaire pour vous permettre de juger le travail ?
Je suis enseignant en collège. En 6 ème, les élèves ne connaissent toujours pas les tables de multiplication, n’arrivent pas à réaliser un calcul simple, ont des difficultés pour lire, écrire, compter… Donc oui on peut dire que la méthode d’apprentissage à l’école primaire pose un problème. Je ne remets pas en cause le travail de mes collègues de primaire, mais les programmes proposés par des incompétents. À se demander si on ne veut pas construire une société d’ignares.
Il est aussi à souligner la sur protection des parents avec les enfants. Des parents qui ne cessent d’interférer dans les choix pédagogiques des enseignants. Qui se permettent de toujours remettre en cause les enseignants quand la petite merveille à une mauvaise note, car bien entendu s’il ne travaille pas et préfère bavarder et s’amuser, c’est la faute du prof !!! La faignantise croissante des élèves est aussi à prendre en compte car ces derniers en sortant de cours préfèrent passer des heures devant les écrans plutôt que d’ouvrir leur cahier de texte et faire les devoirs demandés, bien entendu sous la bienveillance des parents qui cautionnent pour une grande partie afin d’éviter de s’occuper de leur petit chérubin… Enfin bref, il y a de quoi écrire
Pas sûr…
+ calcul mental important..
Bon nombre de parents d élèves ont également une grande responsabilité dans ce déclin: se plaignant de cours ou de contrôles trop durs, alors que le niveau est au raz des pâquerettes, allant jusqu’à menacer les professeurs en cas de mauvaises notes. Beaucoup de profs de maths même très motivés au départ, finissent par baisser les bras.
Oui je confirme. Prof de physique en lycée je suis soumis à une pression sociale et administrative importante pour limiter les mauvaises notes.
On achète la paix sociale en distribuant les bons points quand on en a marre de se battre.
La baisse du niveau n’a pas pour origine les méthodes d’enseignement mais bien l’absence d’évaluation : quand on met la moyenne à tout le monde en validant le socle de compétences, on évalue plus.
Résultat : à l’entrée en seconde j’ai beaucoup d’élèves incapables d’additionner 12 + 8 de tête, ne croyez pas que j’exagère.
Même les supposés bons élèves ont des lacunes importantes.
12+8 = 10 + (2+8)…associativité de l’addition ..
Tout à fait
et il faut arrêter avec toutes ces infos « miraculeuses » de joueurs de foot milliardaires , de jeux vidéo « contes de fée »; il faut revenir à l’observation de la nature…où tout est mathématique
…
Les enseignants de maternelle et primaire sont très majoritairement des femmes ayant fait des études littéraires, certaines ayant été elles-mêmes en difficulté avec les mathématiques. Elles n’ont pas compris les fondements de la discipline, compréhension qui est nécessaire pour pouvoir y intéresser les enfants et leur permettre d’acquérir les compétences. Elles constituent de plus un modèle négatif pour les filles à l’égard des maths et transmettent sans doute inconsciemment leur blocage aux petites filles.
Il faut recruter des étudiants issus de disciplines scientifiques a l’école élémentaire pour diversifier les parcours des enseignants. Pour cela, il faut que les enseignants soient mieux rémunérés. On attirera aussi peut-être les meilleurs étudiants vers l’enseignement plutôt que de les laisser tous partir vers la tech ou la finance.
Excellente analyse.
Pourquoi enseigner les mathématiques lorsque des métiers bien mieux valorisés et rémunérateurs vous tendent les bras…
Enseignant depuis 35 ans, je constate que chaque fois qu’on a limité les difficultés, on a perçu un tassement du niveau général 5 ans environ plus tard (le temps qu’une réforme soit digérée).
Je préconiserais pour ma part:
– 1h de plus par semaine (comme en français, la matière qui conditionne toutes les autres)
– des programmes centrés sur la maîtrise des calculs, plus exigeants.
Tout à fait d’accord sur deux choses:
avant de maîtriser l’algèbre il faut maîtriser le calcul. Calculer 500 x 3 c’est pas évident( des études dans des milieux défavorisées au Brésil dans des favelas montre que les gens qui savent calculer 3 x 500 ne savent pas calculer 500 x 3 et c’est normal). Pour bien comprendre il y a des étapes. Si on les saute les élèves ne peuvent pas comprendre sauf ceux qui sont doués en maths. La première étape c’est de comprendre pourquoi 3 x 500 c’est la même chose que 500 x 3, avec un dessin pour calculer des surfaces ou des nombres de cases dans un tableau avec des lignes et des colonnes ça se comprend très bien. Ensuite plutôt que de rajouter des euros il faut comprendre que quand on fait 3 x 500 on fait 3 x 5 centaines, et que ça fait donc 15 x 100 c’est-à-dire 1500. Si on ne peut pas donner ce sens au moment où on enseigne ça l’enfant apprend des recettes, pas des maths. Quand on fait l’effort de calculer de tête 6 x 460, en pensant que c’est 6 x 400 + 6 x 60, on a une compréhension des ordres de grandeur on commence par la partie la plus significative 6 x 400 et en même temps on prépare ce qu’on appelle la distributivité pour le calcul algébrique…. Donc oui c’est très important le calcul.
Ben ensuite en ce qui concerne la baisse du niveau à chaque fois qu’on fait une réforme c’est une évidence.
La dernière réforme la réforme blanche arrête une catastrophe il devrait être responsable et comptable des effets produits. On habille la réforme de noms ronflants on va fabriquer des spécialistes et des experts mais en fait on diminue le nombre d’heures, on diminue la diversité des parcours or on ne peut pas renseigner bien la même chose à tout le monde en mathématiques. On veut faire une épreuve écrits en mars dans la précipitation donc comme les élèves n’ont pas le temps de digérer on fait des épreuves zéro qui sont élémentaires, et c’est normal et puis deux trois ans après le sujet passe en juin mais on garde le même niveau, le prof de maths usé se donne comme objectif de préparer au bac donc baisse le niveau de son enseignement le temps de rechercher de réfléchir et on est descendu d’ un cran.
C’est triste triste.
Après je voudrais quand même rajouter quelque chose les maths c’est une discipline exigeante qui demande un effort des fois de l’attention à chaque ligne si un moment de relâche son attention on fait une erreur… C’est pas très dans le vent ça.
Haut les cœurs!
Un (vieux) prof….
L’explication est limpide. Bravo et merci. Vous avez su expliquer ce que je ressens (je suis plutôt doué en calcul numérique mental).
La seule solution c’est de revenir aux exigencies anciennes du fondamental: lire écrire et compter.
Arrêter les frequents changements de programme.
Arrêter les laisser-aller dans toys les niveaux.
Une anecdote édifiante :
L’année dernière j’ai fait passer la première partie de l’épreuve de Capes de Maths à mes élèves de terminale maths expertes sans leur dire (le concours pour devenir professeur dans le secondaire).
Résultat : tous seraient admissibles alors qu’ils ne sont qu’en terminale ! Une élève a obtenu 16/20 alors que la barre d’admissibilité est à 06 ou 07.
Le niveau du concours est déplorable, mais on ne peut pas attirer de bons étudiants avec des perspectives de carrière aussi désastreuses.
L’éducation nationale, c’est le Titanic.
Lorsque j’ai commencé à enseigner j’avais 3 classes de 6e et je faisais mes 18h. 3 fois 6h avec 1 heure dedoublée.
Lorsque je suis parti du collège j’avais 5 classes sur 3 niveaux. On ne fait pas le même travail.
Maintenant j’enseigne au lycée je fait 18h30 j’ai 3 niveaux 300 élèves 1 seconde, 2 groupes de 24 en Science Numérique et Technologique 2 premières STMG 2 terminales enseignement scientifique. Le travail a bien changé et pas dans le bon sens.
Nous sommes dans une societe qui est devenue feneante et narcissiste.
les enfants ne veulent pas faire d efforts (et sont distraits par leur ecrans)
les parents ne veulent pas faire d efforts mais exigent des bonnes notes pour leurs enfants
les programmes sont alleges annee apres annee pour contenter le desir de facilite de la populace
les enseignants sont incites (voire forces) a donner la moyenne et faire passer tout le monde
combien de temps le systeme peut il fonctionner en depit du bon sens avant que les consequen ces nous rattrappent ?
malheuresement le plut tot serait le mieux car c est reculer pour mieux sauter.
personnellement je ne comprends pas l attitude des parents : est ce de la naivete (voire betise) ou de l egoisme… ?
Ils sont la cause premiere de phenomene car ce sont eux qui font pression sur le systeme (programmes et enseignants)