Ce lundi matin, les élèves de terminale générale ont ouvert le bal des épreuves écrites du baccalauréat 2025 avec la philosophie.
Trois sujets étaient proposés :
deux dissertations (« Notre avenir dépend-il de la technique ? » et « La vérité est-elle toujours convaincante ? »), ainsi qu’une explication d’un extrait tiré de Théorie de la justice de John Rawls.
Comme chaque année, certains pièges classiques ont piégé de nombreux candidats, qu’ils aient été très à l’aise ou au contraire en difficulté.
Voici une analyse des 10 erreurs les plus fréquentes et les plus pénalisantes commises aujourd’hui — à éviter absolument pour progresser en philosophie.
Réduire la technique à la technologie moderne
Beaucoup d’élèves ont spontanément réduit la « technique » aux dernières innovations technologiques : intelligence artificielle, smartphones, robotique… Pourtant, le concept de technique en philosophie est bien plus large. Il renvoie à l’ensemble des moyens créés par l’homme pour transformer la nature et satisfaire ses besoins, depuis la maîtrise du feu jusqu’à la médecine moderne. En oubliant cette dimension anthropologique fondamentale, on limite sa réflexion et on passe à côté de ce que le sujet interroge vraiment.
Juger la technique au lieu de l’interroger
Certains candidats ont produit des dissertations à charge (« la technique nous déshumanise ») ou, à l’inverse, des apologies naïves du progrès technique. Le problème ? Le sujet ne demandait pas un jugement moral, mais une analyse : notre avenir dépend-il nécessairement de la technique, ou pouvons-nous encore le penser et le construire autrement ? Répondre trop vite par un oui ou un non sans problématiser, c’est perdre l’essentiel du travail philosophique attendu.
Oublier la notion de dépendance
Le terme-clé du sujet est « dépend-il ». Beaucoup ont parlé de l’omniprésence de la technique, mais sans interroger cette notion de dépendance : cela signifie un lien de nécessité, une forme de soumission ou d’impossibilité de s’en passer. C’est ce lien — entre liberté humaine et pouvoir des techniques — qu’il fallait interroger, pas simplement décrire la place qu’occupe la technologie aujourd’hui.
Confondre vérité et opinion personnelle
Dans le deuxième sujet de dissertation, certains élèves ont confondu « vérité » avec « opinion » ou « ressenti personnel ». En philosophie, la vérité n’est pas ce que chacun croit vrai, mais ce qui est conforme à la réalité ou ce qui peut être démontré rationnellement. Écrire que « chacun a sa vérité » revient à nier la notion même de vérité, ce qui constitue une grave confusion conceptuelle dans le cadre d’un devoir philosophique.
Penser que la vérité convainc toujours
Une autre erreur fréquente : croire que la vérité s’impose toujours d’elle-même. Pourtant, dans les faits, certaines vérités sont rejetées : elles dérangent, bouleversent les croyances, menacent les intérêts ou ne sont tout simplement pas comprises. Les résistances à la vérité peuvent être psychologiques (biais cognitifs), sociales ou idéologiques. Il fallait donc analyser les conditions dans lesquelles la vérité peut — ou non — convaincre.
Réduire le sujet à l’actualité ou aux fake news
Le sujet sur la vérité a poussé de nombreux élèves à évoquer les fake news, les réseaux sociaux ou les manipulations politiques. Ces exemples sont pertinents à condition qu’ils soient mis au service d’une réflexion théorique. Or, beaucoup se sont contentés de décrire l’actualité sans recul conceptuel. La philosophie demande d’interroger les concepts sous-jacents : vérité, persuasion, rationalité, croyance, etc. Ce n’est pas un commentaire de société, mais un travail d’analyse rigoureuse.
Ne pas formuler la thèse du texte de Rawls
Dans l’explication du texte de Rawls, une erreur fréquente a été de résumer le passage sans identifier clairement sa thèse : les inégalités économiques risquent de fausser le débat démocratique, car elles donnent aux plus riches un pouvoir disproportionné sur les décisions publiques. Cette idée, centrale dans la pensée de Rawls, devait être clairement extraite et explicitée dès le début de l’explication.
Oublier le lien entre justice économique et liberté politique
Rawls montre que les libertés politiques (comme le droit de vote ou la liberté d’expression) n’ont de valeur réelle que si elles peuvent être exercées concrètement par tous. Si certains citoyens manquent des moyens matériels pour s’informer ou participer au débat public, l’égalité politique devient une illusion. Oublier ce lien entre conditions économiques et exercice des libertés, c’est passer à côté du cœur du texte.
Ne pas expliquer les notions clés
Le texte de Rawls contenait des notions précises, comme « poids prépondérant », « moyens de production », ou encore « débat public libre ». Trop d’élèves se sont contentés de répéter ces expressions sans les expliquer ni montrer leur rôle dans l’argumentation. Or, une explication de texte réussie repose sur la capacité à décomposer, définir et interpréter chaque idée clé du passage.
Négliger la problématique
Enfin, une erreur malheureusement classique : se lancer dans un développement sans avoir posé clairement la problématique. Une bonne dissertation comme une bonne explication repose sur une question centrale bien formulée, qui découle d’une tension dans le sujet ou dans le texte. Sans cette question, le devoir perd sa cohérence, et les idées peinent à trouver un fil conducteur logique.
Conclusion : Philosopher, ce n’est pas seulement enchaîner des idées générales ou citer des auteurs célèbres. C’est poser des questions précises, analyser des concepts rigoureusement, et structurer une pensée claire. En évitant ces 10 erreurs, tout élève peut progresser significativement et viser une note solide à l’épreuve de philosophie.
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