Parcoursup est bien plus qu’un simple mot : c’est un passage obligé pour des milliers de lycéens en quête de leur avenir. Cette plateforme nationale française est conçue pour centraliser les vœux d’orientation post-bac et simplifier l’accès à l’enseignement supérieur.
Cependant, elle représente aussi une source d’anxiété pour les élèves, qui jonglent entre des dates butoirs strictes et une multitude de choix à formuler dans des délais souvent perçus comme contraignants.
Une professeure en région parisienne témoigne et vous détaille la face cachée de Parcoursup.
De nombreuses filières toutes très différentes
Voici un aperçu des différentes filières proposées, aux noms parfois hermétiques :
Acronymes | Significations |
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BTS | Brevet de Technicien Supérieur |
CPGE | Classes Préparatoires aux Grandes Écoles |
IUT | Institut Universitaire de Technologie |
MPSI | Mathématiques, Physique et Sciences de l’Ingénieur |
BCPST | Biologie, Chimie, Physique et Sciences de la Terre |
🔹 Chaque filière a ses spécificités :
- Les BTS offrent des formations professionnalisantes en deux ans, prisées pour leur approche concrète.
- Les CPGE, plus académiques, ouvrent les portes des grandes écoles via des concours.
- Les IUT, quant à eux, privilégient un équilibre entre théorie et pratique, souvent en lien avec le monde de l’entreprise.
700 000 élèves de terminale concernés chaque année
Chaque année, la plateforme Parcoursup devient le théâtre d’une frénésie administrative où près de 700 000 élèves de terminale soumettent leurs vœux pour bâtir leur avenir. Dès le 14 mars, la tâche de trier et classer les candidatures incombera aux recruteurs, professeurs et chefs d’établissement.
Ces derniers disposent de quelques jours pour analyser des dossiers volumineux, téléchargés sous forme de fichiers PDF pouvant atteindre plusieurs milliers de pages. L’ampleur de cette tâche est telle qu’elle génère une double tension : celle des élèves et de leurs familles, inquiets pour leur avenir, et celle des recruteurs, confrontés à un tri monumental.
Pour une classe préparatoire, la sélection est drastique : environ 2 000 candidats postulent pour une cinquantaine de places, un ratio qui reflète la compétitivité de ces filières.
Chaque dossier, composé de 7 à 8 pages, contient les bulletins scolaires des classes de première et terminale, une lettre de motivation, ainsi que les avis des professeurs et du chef d’établissement. Cette étape cruciale, véritable croisée des chemins pour des jeunes venus des quatre coins de France, de Nice à Saint-Pierre-et-Miquelon ou de Bastia à Papeete, laisse une place, infime mais précieuse, à leur bonne étoile.
De grosses disparités entre les différents établissements
À la réception des dossiers, un constat s’impose : la majorité affichent des moyennes impressionnantes, souvent supérieures à 16/20. Cette excellence généralisée, qui pourrait sembler encourageante, masque en réalité un problème de fond. Depuis la quasi-disparition du baccalauréat comme diplôme national homogène, il devient difficile d’évaluer équitablement les élèves.
Les disparités entre établissements sont criantes : un 18/20 d’un lycée prestigieux peut-il être comparé à celui d’un établissement moins favorisé ? L’absence d’un cadre national clair a transformé les recruteurs en explorateurs tâtonnant dans l’obscurité, tentant de discerner le potentiel véritable de chaque candidat à travers des indices parfois anecdotiques.
Cette situation accentue le risque d’injustice. D’excellents profils peuvent être écartés à cause de critères flous ou non adaptés. Par ailleurs, l’idée de supprimer l’information sur l’établissement d’origine des candidats – censée uniformiser les chances – revient à « casser le thermomètre pour soigner la fièvre ».
Une évaluation pertinente nécessiterait des outils fiables, des règles claires et une homogénéité des standards d’instruction. L’enjeu n’est pas de lisser artificiellement les différences, mais de reconnaître et valoriser les mérites réels de chaque élève.
L’essor inquiétant des certifications payantes
Depuis quelques années, les certifications privées, notamment en langues et en mathématiques, connaissent un essor fulgurant. Souvent payantes, elles tendent à remplacer le rôle que jouait autrefois le baccalauréat dans l’évaluation nationale des compétences. Si ces certifications sont largement adoptées par les formations privées, les établissements publics s’y résignent avec réticence, les utilisant rarement et non sans critiques. Ce recours souligne un déplacement de l’évaluation vers des standards externalisés, accentuant les inégalités d’accès à ces outils.
Une fois le classement des dossiers laborieusement établi par les recruteurs, celui-ci est intégré dans Parcoursup, qui le remodèle pour introduire des critères supplémentaires. S’ensuit une longue procédure où élèves et professeurs élaborent des stratégies complexes pour contourner les contraintes de la plateforme, naviguant entre « oui mais », listes d’attente et appels par blocs. L’omniprésence de ces outils techniques, censés simplifier le processus, semble au contraire l’alourdir et générer frustrations et injustices.
Cette dépendance à la technologie détourne les efforts de l’essentiel : offrir aux élèves une formation adaptée à leurs talents. En déléguant des décisions cruciales à des algorithmes et en multipliant les procédures, l’Institution se décharge de ses responsabilités, exacerbant les tensions inhérentes à un système scolaire basé sur la compétition et les concours. La violence structurelle de cette sélection, loin d’être apaisée, se trouve amplifiée par la tentative maladroite de la masquer.
Difficultés identifiées | Conséquences |
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Essor des certifications privées | Inégalités d’accès et standardisation extérieure |
Complexité de Parcoursup | Procédures lourdes et frustrations pour tous |
Délégation excessive à la technologie | Perte de focus sur la formation et les talents réels |
Un climat de compétition inéquitable et des critères de sélection cachés
Dans un contexte où l’institution délaisse son rôle de régulateur essentiel, la situation se corse rapidement. Normalement, une émulation saine devrait prévaloir, où chaque participant, guidé par des règles claires et équitables, est encouragé à se surpasser dans un cadre constructif.
Cependant, sans ces directives transparentes, ce qui était destiné à stimuler le développement personnel et collectif dégénère en une compétition biaisée. Ceux qui ont accès, souvent de manière privilégiée, aux critères de sélection cachés bénéficient injustement d’une avance substantielle.
Cela engendre un climat non seulement de compétition inéquitable mais aussi d’une tension accrue, masquée par une bienveillance apparente qui peine à voiler un esprit de rivalité de plus en plus oppressant dans nos écoles. Ce détournement du véritable esprit éducatif compromet l’intégrité même de l’institution et sa mission de former des individus équilibrés et compétents.
Documentation gratuite
Bonjour,
Très intéressant et très proche du ressenti d’un parent d’élève de terminale. Mais pourquoi ne nous précisez vous pas quels sont ces critères cachés réservés aux « sachants » ?
Non, il n’y a pas de critères cachés….un rapport public est édité chaque année par toutes les formations qui recrutent sur Parcoursup.précisant les critères d’évaluation des dossiers.
Et cessez de dénigrer Parcoursup qui permet aux lycéens d’avoir des informations sur toutes les formations post Bac sur une unique plate forme. Si chaque lycéen devait se connecter sur une plateforme par université ou par formation…ca serait bien plus complexe….Le calendrier de Parcoursup est défini longtemps à l’avance, il permet à tous d’anticiper et le dépôt d’une candidature reste simple.
La sélection réalisée par des enseignants du supérieur, dont je fais partie, n’est pas faite par un algorithme, même si un classement peut être réalisé en fonction des notes de première et terminale, l’adéquation du projet de l’élève et de sa formation antérieure est prise aussi en compte en complément des notes.
Merci pour votre éclairage