Qu’est-ce-que l’université Fudan, le « Sciences Po chinois » qui gagne du terrain sur Harvard

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Trois universités chinoises figurent désormais dans le top 50 mondial du classement de Shanghai. Parmi elles, Fudan occupe une place particulière dans l’imaginaire des élites asiatiques et commence à faire parler d’elle en Occident.

Fondée en 1905 à Shanghai, cette institution forme depuis plus d’un siècle les cadres dirigeants de la Chine moderne. Ses anciens élèves occupent aujourd’hui des postes clés dans la politique, la finance et les médias chinois, ce qui n’est pas sans rappeler le rôle de Sciences Po dans l’hexagone. Mais cette comparaison mérite quelques nuances.

Terminales.fr a analysé cette université qui ambitionne de rivaliser avec Harvard et Oxford tout en restant fidèle aux valeurs du parti communiste chinois.

Comment Fudan s’impose-t-elle comme le vivier de l’élite chinoise ?

Fondée en 1905 par Ma Xiangbo, un prêtre formé chez les jésuites français, l’université Fudan occupe le 3e rang national derrière Tsinghua et l’Université de Pékin, et se classe 36e mondiale selon le Times Higher Education. Cette institution domine les disciplines de lettres, histoire, philosophie, relations internationales et sciences humaines, s’imposant comme numéro un dans ces domaines stratégiques.

Le pedigree de ses anciens élèves témoigne de cette excellence :

  • Wang Huning siège au Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois
  • Guo Guangchang préside Fosun International
  • Zhu Min a occupé le poste de vice-gouverneur de la Banque centrale de Chine avant de devenir le bras droit de Christine Lagarde au FMI

Fudan forme les cadres du Parti communiste chinois depuis les années 1960, se spécialisant dans l’étude du monde capitaliste quand d’autres universités se concentrent sur le socialisme.

Quelle stratégie de soft power la Chine déploie en Europe ?

La Chine orchestre son influence européenne selon trois axes principaux : la promotion culturelle via le réseau des instituts Confucius, l’utilisation des médias par l’ouverture d’antennes nationales et les partenariats avec la presse locale, et les initiatives économiques comme les nouvelles routes de la soie impliquant 15 pays de l’UE. Le groupe des « 16+1 » rassemble les pays d’Europe de l’Est et centrale autour de Pékin.

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Cette offensive se heurte à une détérioration de l’image chinoise dans la majorité des pays européens, aggravée par la pandémie de COVID-19. Les diplomaties du masque et du vaccin ont échoué en Europe en raison d’une promotion trop marquée du modèle chinois. La Hongrie de Viktor Orban fait exception, bloquant les positions européennes anti-chinoises et commandant 550 000 doses de Sinopharm à 30€ l’unité, contre 15,50€ pour Pfizer.

Le campus de Budapest cristallise les tensions autour de l’influence chinoise

Le projet d’université Fudan à Budapest représente un investissement de 1,5 milliard d’euros, financé à hauteur de 1,3 milliard par un prêt chinois. Prévu pour ouvrir en 2024, ce campus accueillera 6000 étudiants et 500 enseignants, reproduisant le programme de Shanghai et influençant l’ensemble de l’enseignement supérieur hongrois.

25% des enseignants et étudiants de l’Université Fudan seraient membres du Parti communiste chinois, remettant en question les libertés académiques.

Cette implantation suscite une résistance locale significative. Le maire de Budapest a rebaptisé quatre rues autour du futur campus en hommage aux Ouïghours et à la lutte pour la liberté à Hong Kong, tandis que plusieurs milliers de manifestants ont exprimé leur opposition. Xi Jinping appelle à améliorer les capacités de communication chinoises pour présenter une vision plus positive du pays, mais la question demeure : la Chine privilégie-t-elle l’influence sur l’attractivité ?

Indicateur
Fudan Shanghai
Fudan Budapest
Coût du projet
1,5 milliard €
Financement chinois
1,3 milliard €
Capacité étudiants
6000
Nombre enseignants
500
Ouverture prévue
1905
2024

Les enjeux académiques et géopolitiques qui accompagnent l’expansion internationale de Fudan

L’internationalisation de l’université Fudan s’inscrit dans une démarche plus large d’exportation du modèle éducatif chinois. L’établissement développe des partenariats avec plus de 300 universités réparties sur tous les continents, créant un réseau d’influence académique sans précédent, y compris avec Sciencespo en France.

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Ces collaborations englobent des programmes d’échange, des diplômes conjoints et des centres de recherche délocalisés, permettant à Fudan de diffuser ses méthodes pédagogiques et ses orientations idéologiques bien au-delà des frontières chinoises. La stratégie vise particulièrement l’Afrique et l’Amérique latine, où l’université a établi des antennes dans une dizaine de pays.

La question de l’autonomie académique constitue un enjeu majeur pour les partenaires occidentaux de Fudan. Les statuts de l’université interdisent explicitement toute remise en cause de la ligne politique du Parti communiste chinois, créant des tensions avec les standards universitaires européens fondés sur la liberté de recherche et d’expression. Cette contrainte structurelle soulève des interrogations sur la capacité de l’institution à maintenir l’excellence académique tout en respectant les directives politiques. Les universités partenaires doivent naviguer entre les opportunités de coopération scientifique et les risques d’autocensure sur des sujets sensibles comme Taiwan, Hong Kong ou les droits de l’homme.

Le financement des projets internationaux de Fudan révèle une stratégie économique sophistiquée mêlant investissement public et privé. La Banque de développement de Chine accorde des prêts préférentiels aux pays hôtes, créant une dépendance financière qui dépasse le cadre purement éducatif. Cette approche s’inspire du modèle des nouvelles routes de la soie, où l’endettement devient un levier d’influence géopolitique. Les critiques dénoncent une forme de « diplomatie du piège de la dette » appliquée au secteur universitaire, tandis que les défenseurs y voient une opportunité de développement mutuel et de transfert de connaissances.

Fudan : une réputation internationale établie

Fudan University navigue dans les eaux prestigieuses du groupe C9, cette constellation d’établissements qui forme l’équivalent chinois de la célèbre Ivy League américaine. Cette appartenance n’est pas qu’un simple titre honorifique, elle témoigne d’une excellence reconnue au plus haut niveau du système éducatif chinois.

Le classement international confirme cette réputation : Fudan occupe la 50e position au QS World Ranking 2024. Ce positionnement place l’université dans le peloton de tête mondial, loin d’être une performance anodine pour un établissement qui rivalise avec les meilleures institutions planétaires.

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L’offre académique de Fudan ne se cantonne pas aux sentiers battus des lettres. L’université déploie ses programmes dans les sciences exactes et appliquées, complétant ainsi un éventail déjà riche en sciences humaines et sociales. Cette diversité disciplinaire forge des profils polyvalents, adaptés aux enjeux contemporains.

Les partenariats internationaux tissent des ponts vers l’excellence mondiale. Fudan propose notamment des doubles diplômes avec Sciences Po Paris, offrant à ses étudiants l’opportunité de naviguer entre deux univers académiques et culturels, enrichissant leur parcours d’une dimension véritablement internationale.

Amélie (étudiante à Fudan) « Le processus d’obtention de bourse est extrêmement compétitif »

J’ai découvert que l’apprentissage du mandarin nécessite une discipline quotidienne de 1 à 2 heures par jour pour progresser efficacement. Après avoir étudié une année au Royaume-Uni puis deux années en Chine, j’ai finalement atteint le niveau HSK 5 après trois années d’efforts soutenus. Cette progression s’est révélée conforme aux attentes générales pour les étudiants occidentaux s’immergeant dans la langue chinoise.

Mon expérience à l’université Fudan, classée entre la 90ème et 110ème position mondiale, m’a confrontée à des enjeux inattendus. Contrairement à mes espérances, j’ai constaté peu d’opportunités d’interaction naturelle avec les étudiants locaux. Les étudiants anglophones avaient tendance à éviter les conversations en mandarin, ce qui limitait considérablement la pratique linguistique au quotidien. Certains professeurs dispensaient leurs cours exclusivement en chinois, exigeant une compréhension avancée des discours académiques complexes.

Le processus d’obtention de bourse s’est avéré extrêmement compétitif, avec des exigences particulièrement élevées concernant la rédaction de thèse. J’ai réalisé qu’une approche alternative, combinant un master britannique dans une université reconnue avec un séjour d’apprentissage linguistique en Chine, aurait pu constituer un parcours de deux ans plus équilibré et potentiellement plus enrichissant.

Conférence débat : la Chine : un modèle politique ?

 

Fabrice DURAND

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé terminales.fr pour vous accompagner dans le choix de vos études supérieures. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire, et de nombreux sites consacrés aux métiers.

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