Épreuve anticipée de Français
Consignes générales
Vous traiterez, au choix, l’un des deux sujets suivants :
1. Commentaire (20 points)
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Vous commenterez le texte suivant :
Jules BARBEY D’AUREVILLY, L’Ensorcelée, extrait du chapitre 1, 1854
Ce texte évoque la lande normande de Lessay, paysage désertique dans lequel se déroule le récit. […] la plus puissante réalité qu’il y ait dans la vie des hommes. Aussi cela seul, bien plus que l’idée d’une attaque nocturne, faisait trembler le pied de frêne dans la main du plus vigoureux gaillard qui se hasardait à passer Lessay à la tombée.
Notes :
- Une lieue : unité de longueur valant 4 kilomètres.
- Un homme à cheval et bien monté : qui voyage en montant un bon cheval.
- Du Guesclin : célèbre guerrier du XIVe siècle.
- Dépêcher : en finir avec quelqu’un en le tuant.
- Tangible : perceptible.
- Pied de frêne : bâton de bois utilisé pour assommer ou tuer quelqu’un.
2. Dissertation (20 points)
Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
Le candidat traite au choix, compte tenu de l’œuvre et du parcours étudiés durant l’année, l’un des trois sujets suivants :
Sujet A
Œuvre : Pierre Corneille, Le Menteur
Parcours associé : Mensonge et comédie
Question : Selon vous, dans la comédie Le Menteur, l’art du mensonge est-il toujours maîtrisé ?
Sujet B
Œuvre : Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour
Parcours associé : Les jeux du cœur et de la parole
Question : Les personnages s’affrontent-ils sérieusement dans On ne badine pas avec l’amour ?
Sujet C
Œuvre : Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non
Parcours associé : Théâtre et dispute
Question : Un critique remarque que, dans Pour un oui ou pour un non, « le dialogue est toujours, en fin de compte, un jeu dans lequel tous les coups sont permis. » Cette citation éclaire-t-elle votre lecture de la pièce ?
Corrigé du commentaire
Introduction
Le texte proposé est un extrait du premier chapitre de L’Ensorcelée, roman de Jules Barbey d’Aurevilly publié en 1854. L’auteur y décrit la lande de Lessay, un paysage normand inquiétant, théâtre d’histoires mystérieuses et de légendes populaires. Nous verrons comment Barbey d’Aurevilly parvient à transformer un espace naturel en un lieu chargé d’angoisse et de mystère.
Problématique : Comment l’auteur rend-il la lande de Lessay inquiétante et propice aux récits surnaturels ?
Annonce du plan : Nous analyserons d’abord la représentation d’un paysage désolé et dangereux, puis nous verrons comment Barbey d’Aurevilly insuffle à ce lieu une dimension fantastique et imaginaire.
I. Un lieu isolé, sauvage et inquiétant
- Un espace vide et hostile : champ lexical du vide (« désertique », « ni arbres, ni maisons », « traces d’homme »), nature désolée (« solitude », « tristesse désolée »).
- Une traversée difficile et dangereuse : longueur (« sept lieues », « plus d’une couple d’heures »), isolement géographique et social (« passage redoutable », « on s’associait plusieurs »).
- Lieux de dangers humains : risques d’agressions (« assassinats », « détrousser », « dépêcher »), absence de secours (« un si vaste silence aurait dévoré tous les cris »).
II. La construction d’un imaginaire fantastique
- Des croyances populaires : transmission orale (« on parlait vaguement », « disait-on »), revenants (« théâtre des plus singulières apparitions », « il y revenait »).
- Opposition entre réel et imaginaire : description réaliste → glissement vers le surnaturel, imagination comme force dominante (« la plus puissante réalité »).
- Effet sur les personnages : peur diffuse (« faisait trembler le pied de frêne »), même chez les plus courageux, ambiguïté entre danger réel et peur irrationnelle.
Conclusion
L’auteur transforme une lande en apparence banale en un lieu oppressant et chargé de mystère, en mêlant descriptions réalistes et croyances populaires. Cette construction d’un lieu inquiétant participe à l’esthétique du roman gothique et du récit fantastique, très en vogue au XIXe siècle.
Corrigé – Dissertation Sujet A
Introduction
Dans la comédie Le Menteur de Pierre Corneille, le protagoniste Dorante se distingue par sa capacité à inventer des mensonges avec brio. La pièce met en scène les péripéties que provoque son art du mensonge, entre séduction, quiproquos et retournements. Mais cette maîtrise apparente du mensonge est-elle si parfaite qu’elle ne connaît aucun revers ?
Problématique : Dans Le Menteur, l’art du mensonge est-il toujours maîtrisé ?
Annonce du plan : Nous verrons que si Dorante semble au départ dominer l’art du mensonge, celui-ci finit par se retourner contre lui, révélant les limites d’un tel pouvoir.
I. Une virtuosité du mensonge maîtrisée au début
- Un personnage charmant et rusé : Dorante captive par son éloquence et son imagination (éloge du langage, séduction par les mots).
- Une stratégie efficace : il échappe à la contrainte paternelle, attire l’attention d’une jeune femme, construit un récit crédible.
- Une mise en valeur comique : ses mensonges provoquent des situations cocasses, générant des quiproquos typiques de la comédie.
II. Les limites et les dangers de l’art du mensonge
- Une mécanique incontrôlable : les quiproquos s’accumulent, Dorante finit par perdre le fil de ses inventions.
- Des effets négatifs : il blesse involontairement les autres, en particulier Clarice et Lucrèce.
- Une remise en question finale : la vérité finit par s’imposer, Dorante est contraint d’avouer, la comédie atteint un tournant moral.
Conclusion
Si Le Menteur célèbre l’art du mensonge comme jeu de langage et outil de séduction, la pièce montre aussi ses dérives et ses limites. Corneille propose une comédie dans laquelle la parole peut tout… jusqu’à ce qu’elle se retourne contre son maître.
Corrigé – Dissertation Sujet B
Introduction
Dans On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset, les échanges entre les personnages sont marqués par une apparente légèreté, mais révèlent rapidement des tensions profondes. Le titre même de la pièce suggère que l’amour ne saurait être un simple jeu. Alors, les affrontements amoureux mis en scène sont-ils sérieux ou bien ludiques ?
Problématique : Les personnages s’affrontent-ils sérieusement dans On ne badine pas avec l’amour ?
Annonce du plan : Nous verrons d’abord comment les joutes verbales prennent la forme de jeux subtils, avant d’examiner leur gravité croissante qui conduit au drame.
I. Des jeux de parole et de séduction
- Un style dialogué vif et brillant : reparties, ironie, sous-entendus… le langage devient un terrain de jeu.
- Le masque social : Perdican et Camille dissimulent leurs véritables sentiments sous des apparences (raison vs foi, légèreté vs piété).
- Une tension amoureuse : les provocations amoureuses sont aussi des épreuves de l’autre, typiques du théâtre romantique.
II. Une montée en intensité dramatique
- Les conséquences tragiques : Rosette, victime innocente, meurt – preuve que les mots ont un poids, et que l’amour n’est pas un jeu.
- Les blessures morales : le refus de s’avouer l’amour mutuel conduit à la souffrance et au désespoir.
- Une critique de la société : Musset dénonce les jeux sociaux et éducatifs qui empêchent les êtres d’aimer librement et sincèrement.
Conclusion
Si On ne badine pas avec l’amour commence comme une comédie de mœurs, la pièce bascule progressivement vers le drame, révélant que les affrontements verbaux entre les personnages sont profondément sérieux. Musset y affirme que l’amour, pour être vrai, ne supporte ni déguisements ni artifices.
Corrigé – Dissertation Sujet C
Introduction
Dans Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, deux personnages se livrent à un échange apparemment anodin qui tourne rapidement à la dispute. Une critique affirme que dans cette pièce, « le dialogue est toujours, en fin de compte, un jeu dans lequel tous les coups sont permis ». Cette observation met en lumière la violence latente du langage. Qu’apporte cette idée à notre lecture de la pièce ?
Problématique : Le dialogue dans Pour un oui ou pour un non est-il réellement un affrontement sans règles ?
Annonce du plan : Nous verrons d’abord que le dialogue apparaît comme un champ de bataille verbal, puis nous analyserons comment Sarraute interroge la nature du langage et des relations humaines.
I. Un affrontement sans limites
- Une dispute pour presque rien : le déclencheur de la pièce est un détail de langage (le « c’est bien, ça »), révélant la fragilité des rapports humains.
- Un dialogue tendu : interruptions, sous-entendus, disqualification de l’autre, ironie… tout est prétexte à attaque.
- Une violence sourde : pas de coups physiques, mais des blessures profondes provoquées par les mots.
II. Une réflexion sur le langage et la subjectivité
- Le langage comme arme : les personnages s’enferment dans leurs interprétations, chaque mot devient suspect.
- La difficulté à se comprendre : l’incompréhension est au cœur de la pièce, l’amitié est mise à l’épreuve par des perceptions divergentes.
- Un théâtre de l’invisible : Sarraute met en scène des tensions intérieures, des mouvements souterrains de l’âme, ce qui donne au langage une importance vitale.
Conclusion
Le dialogue dans Pour un oui ou pour un non est bien un jeu, mais un jeu dangereux où les mots ont le pouvoir de blesser. Sarraute montre que les disputes ne naissent pas toujours de grandes causes : elles révèlent surtout la complexité des rapports humains et la fragilité du langage.
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