L’ONISEP n’a plus aucune raison d’exister, pas plus que les dinosaures

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Les échanges tenus récemment à l’assemblée nationale récemment pointent du doigt, l’Office national d’information sur les enseignements et les professions (ONISEP) qui peinerait à remplir efficacement sa mission d’orientation des jeunes. L’ONISEP n’a plus aucune raison d’exister, pas plus que les dinosaures à affirmer Frédéric-Pierre Vos député du RN. Ce constat relance le débat sur la pertinence de maintenir cette institution telle qu’elle existe aujourd’hui, alors que les besoins en orientation évoluent rapidement avec les mutations du marché du travail.

Face à ces enjeux, plusieurs voix s’élèvent pour proposer une réorganisation profonde de l’ONISEP, voire sa suppression pure et simple. Les partisans de la réforme soulignent l’urgence d’adapter les outils et les méthodes d’orientation aux nouvelles réalités numériques et économiques, tandis que les défenseurs de l’organisme mettent en avant son rôle historique et son expertise précieuse.

Dans cet article, nous vous expliquons les raisons de cette remise en question et les différentes pistes envisagées pour l’avenir de l’ONISEP.

Quel est le rôle et l’impact de l’Onisep en France ?

L’Onisep, créé en 1970, joue un rôle central dans l’orientation des jeunes en France. Avec un budget annuel de 30 millions d’euros et un effectif de 306 équivalents temps plein, il s’efforce de fournir des informations objectives sur les métiers. Le site enregistre 44 millions de visites annuelles, témoignant de son importance pour les étudiants et les professionnels de l’orientation.

L’organisation a dû ajuster sa stratégie en raison de la concurrence croissante avec les régions et les acteurs privés, ce qui a entraîné une diminution de son budget de 41 millions à 29,5 millions d’euros et une réduction d’un tiers de ses effectifs depuis 2018.

Le programme Avenir(s), doté de 30 millions d’euros sur 10 ans, est un axe majeur pour l’Onisep. La Cour des comptes qui a déjà audité l’ONISEP en 2023 recommande un audit complet de ce programme en 2026 pour évaluer son efficacité.

En parallèle, des tensions persistent avec les régions concernant les compétences et les ressources. La Cour critique également le manque de clarté de l’organisation interne de l’Onisep et propose de simplifier sa structure de gouvernance. Il est suggéré de supprimer le conseil d’orientation stratégique et de renforcer la tutelle financière, tout en mettant en place une comptabilité analytique pour mieux comprendre le coût des services éditoriaux.

En termes de gouvernance, la Cour propose également de supprimer progressivement les 17 postes de directeur territorial afin d’optimiser la structure organisationnelle. Les données de l’Onisep, disponibles en open data, sont souvent utilisées par des start-ups d’orientation, soulignant leur pertinence dans le domaine.

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La directrice de l’Onisep insiste sur l’importance de la neutralité et de l’objectivité dans la présentation des métiers, un point capital pour maintenir la confiance des utilisateurs.

Comment l’Onisep a-t-il réagi aux critiques sur ses fiches métiers ?

Récemment, l’Onisep a fait face à une polémique après la publication de fiches métiers jugées discutables par la Fage, une organisation étudiante. Certaines recommandations étaient perçues comme farfelues, telles que « organiser des fêtes » pour devenir universitaire ou « aimer les uniformes » pour devenir avocat. Jimmy Losfeld, président de la Fage, a dénoncé « la légèreté et l’inexactitude des informations proposées ».

En réponse, l’Onisep a retiré ces éléments des fiches métiers, soulignant l’importance d’un accompagnement sérieux des lycéens dans leur projet d’étude.

La Fage appelle à une amélioration des contenus pour éviter de désorienter les étudiants. Pour renforcer la qualité des informations, il est suggéré de :

  • Améliorer la vérification des contenus avant publication.
  • Impliquer davantage de professionnels dans la rédaction des fiches.
  • Mettre en place un système de feedback des utilisateurs pour détecter rapidement les erreurs.

Ces mesures visent à garantir que l’Onisep reste une source de confiance pour l’orientation scolaire et professionnelle.

Malgré ces controverses, l’Onisep continue de jouer un rôle clé dans le paysage éducatif français. Son engagement envers la neutralité et l’objectivité reste central pour maintenir la confiance des utilisateurs.

Réorganisation ou suppression : quelles alternatives pour l’Onisep ?

La question de la réorganisation ou de la suppression de l’Onisep soulève plusieurs interrogations sur l’avenir de l’orientation scolaire en France. Face à la concurrence accrue des régions et des acteurs privés, l’Onisep doit repenser sa stratégie pour rester pertinent. Une option pourrait être de renforcer la collaboration avec les acteurs régionaux afin de mutualiser les ressources et les compétences. Cela permettrait de créer un réseau plus intégré et efficace pour l’orientation des jeunes, tout en respectant les spécificités locales.

Un autre axe de réflexion concerne l’innovation technologique. L’Onisep pourrait investir davantage dans le développement de plateformes numériques interactives, offrant aux étudiants des outils personnalisés pour explorer les métiers et les formations. En s’appuyant sur les données en open data, l’organisation pourrait développer des applications mobiles et des algorithmes de recommandation pour un accompagnement plus adapté aux besoins individuels des élèves.

La question de la gouvernance reste fondamentale. Simplifier la structure interne de l’Onisep, comme le suggère la Cour des comptes, pourrait améliorer l’efficacité organisationnelle. En supprimant certains postes, tels que les directeurs territoriaux, et en renforçant la tutelle financière, l’Onisep pourrait mieux allouer ses ressources et se concentrer sur ses missions essentielles.

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Une gouvernance plus agile et transparente pourrait également favoriser une meilleure communication avec ses partenaires éducatifs et renforcer la confiance des utilisateurs dans ses services.

Faut-il réorganiser l’ONISEP ?

La question de réorganiser ou de supprimer l’ONISEP est actuellement débattue dans le cadre des réformes visant à simplifier la vie économique en France. Certains députés, notamment du Rassemblement national, ont proposé de supprimer cet organisme, ainsi que d’autres comme le Cned et Canopé, pour transférer leurs missions à la Dgesco. Cette proposition s’inscrit dans une logique de simplification administrative et de réduction des coûts.

Le débat parlementaire autour de l’amendement n°950 a révélé une fracture nette entre deux visions de l’orientation scolaire et professionnelle, et a permis de mettre en lumière les tensions autour du rôle de l’Office national d’information sur les enseignements et les professions (ONISEP). Les interventions ont donné lieu à une série d’arguments, parfois opposés, qui méritent une analyse approfondie sur la place de cet organisme dans un système éducatif en quête de repères.

Un outil jugé trop généraliste et dépassé ?

M. Matthias Renault, porteur de l’amendement, résume une position critique largement partagée par certains élus : selon lui, « l’ONISEP est censé contribuer au service public de l’orientation, mais il est beaucoup trop généraliste ». Il regrette un paysage de l’orientation fragmenté, dans lequel « un élève ou un demandeur d’emploi à la recherche d’une formation ou d’une orientation professionnelle » fait face à une « multitude d’acteurs » sans ligne claire, dont l’ONISEP, qu’il accuse de livrer des « informations bien trop générales pour être opérationnelles ».

La critique se double d’un constat d’échec : la mise en place du SPRO (service public régional de l’orientation), initialement promue par la loi de 2018, aurait selon lui échoué à structurer une réponse cohérente. L’ONISEP serait l’un des symptômes de ce système dysfonctionnel, ce qui justifie à ses yeux une refondation complète du service public de l’orientation.

Un outil perfectible mais nécessaire

Face à cette vision radicale, plusieurs députés, notamment issus du groupe LFI-NFP, se sont appuyés sur leur expérience de terrain pour défendre l’utilité, voire l’indispensabilité de l’ONISEP. Mme Andrée Taurinya, ancienne professeure principale, a rappelé que la réduction de moitié des effectifs de l’office depuis 2011 a entraîné une « surcharge de travail pour les enseignants, en particulier pour les professeurs principaux ». Pour elle, les critiques actuelles de l’inefficacité de l’ONISEP doivent être mises en lien avec ce manque de moyens, et non invoquées comme un prétexte à sa suppression.

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Mme Mélanie Thomin a également dénoncé avec force « l’ignorance crasse » de ceux qui « s’attaquent au seul outil qui existe, à destination du monde enseignant, en matière d’orientation des élèves ». Elle insiste sur le fait qu’après la suppression des conseillers d’orientation dans les établissements, les professeurs principaux se retrouvent seuls, « alors qu’ils disposent de très peu d’outils pour guider correctement l’orientation ». Dans ce contexte, l’ONISEP constitue, selon elle, une ressource minimale mais précieuse.

Quid de la modernisation ou de l’accessibilité au plus grand nombre

À l’opposé, M. Frédéric-Pierre Vos oppose à la défense de l’ONISEP une critique d’ordre technologique et structurel. Il affirme que l’institution, née à l’époque du général de Gaulle, est devenue « complètement obsolète », incapable de s’adapter à un monde du travail bouleversé par l’intelligence artificielle et la création de nouveaux métiers encore inconnus. Il conclut : « Il n’a plus aucune raison d’exister, pas plus que les dinosaures ! »

Ce type de discours, bien que provocateur, reflète une inquiétude réelle sur la capacité de structures publiques à suivre l’évolution rapide du monde professionnel. Toutefois, l’argument néglige une fonction essentielle de l’ONISEP : fournir une information fiable, égalitaire et accessible à tous, ce que ne garantit pas l’émergence de plateformes privées qui, comme l’a souligné Mme Thomin, « orientent les élèves en suivant leurs propres règles ».

Une question centrale : améliorer ou supprimer ?

Le débat met donc au jour une tension profonde entre deux logiques :

  • Une logique de suppression, fondée sur l’idée que l’ONISEP serait dépassé, inefficace, et ne mériterait plus les fonds publics qui lui sont consacrés.
  • Une logique d’amélioration, qui reconnaît les limites actuelles de l’organisme mais les relie à des choix politiques passés (réductions budgétaires, externalisations) et plaide pour un renforcement des moyens humains et matériels, notamment en réintégrant les conseillers d’orientation dans les établissements.

Comme le souligne Mme Taurinya : « Plutôt que de supprimer l’ONISEP, il vaudrait mieux essayer d’améliorer son fonctionnement en recrutant davantage ».

Pour l’instant, aucune décision définitive n’a été prise concernant l’avenir de l’ONISEP. Une alternative à la suppression pourrait être sa réorganisation, visant à améliorer son efficacité tout en préservant ses missions essentielles. Ce débat continue de susciter des discussions parmi les législateurs et les parties prenantes concernées.

 

Fabrice DURAND

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé terminales.fr pour vous accompagner dans le choix de vos études supérieures. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire, et de nombreux sites consacrés aux métiers.

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