70 % de filles ont tourné le dos aux sciences : et si on ouvrait les yeux ?

femme scientifique

Seulement 28 % des diplômés en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) en France sont des femmes. Ce chiffre, bien qu’en légère progression, reste révélateur d’un déséquilibre persistant. Pourquoi les filles semblent-elles moins enclines à s’engager dans ces filières pourtant capitales pour l’avenir ?

Les stéréotypes de genre, la représentation limitée des femmes dans ces domaines, et un manque de modèles féminins accessibles jouent un rôle non négligeable. Pourtant, ces explications ne suffisent pas à elles seules à comprendre un phénomène aussi complexe. D’autres facteurs, plus insidieux, pourraient influencer ces choix d’orientation.

Analyse d’une situation où les aspirations des jeunes filles se heurtent encore à des barrières invisibles.

Pourquoi une désaffection des filières scientifiques ?

Entre 2020 et 2021, une baisse marquée a été observée dans le choix des filières scientifiques par les bacheliers. Les garçons ont enregistré une diminution de 17 %, tandis que les filles ont vu leur nombre chuter de 34 %. Cette tendance est préoccupante, surtout pour les femmes, s’orientant vers les STEM. Le Collectif Maths&Sciences souligne que c’est une première historique sous la Ve République.

En ce qui concerne les bacheliers STEM, hors SVT, la diminution est encore plus dramatique : -41 % pour les garçons et -70 % pour les filles.

Cette situation s’explique en partie par la réforme du lycée, qui a restreint l’accès aux spécialités scientifiques, rendant ces filières plus élitistes. Le rapport de 2025 sur les filles et les mathématiques met en lumière ces tendances et appelle à des réformes pour ouvrir le champ des possibles.

Les chiffres clés de la sous-représentation féminine

Les femmes représentent seulement 30 % des chercheurs en France, une proportion qui tombe à 15 % en mathématiques. En terminale, 49 % des filles n’ont choisi aucun enseignement de spécialité scientifique, contre 28 % des garçons.

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En revanche, 32 % des filles ont pris deux spécialités scientifiques, contre 51 % des garçons. Cette disparité se traduit par une chute de 60 % des bachelières scientifiques en 2022 par rapport à la période 1986-2020.

Une fille sur six aspire à une carrière scientifique, comparé à un garçon sur quatre. L’écart est marqué en France pour le plaisir d’apprendre les sciences, un des plus élevés de l’OCDE. Pour être évaluées comme compétentes, les femmes doivent publier 2,5 fois plus d’articles scientifiques que leurs homologues masculins. Ces chiffres soulignent les enjeux persistants pour les femmes dans les domaines scientifiques.

Les enjeux de l’anxiété scolaire et des stéréotypes

Les filières STIM sont essentielles pour l’avenir, mais les femmes y restent sous-représentées. En moyenne, elles ne constituaient que 35 % des diplômés STIM dans les pays membres de l’Unesco entre 2018 et 2023. Moins de 25 % des emplois dans les sciences, l’ingénierie et les TIC étaient occupés par des femmes en 2022. L’anxiété scolaire joue un rôle significatif, avec un indice d’anxiété vis-à-vis des mathématiques plus élevé chez les filles.

Selon l’étude Pisa de 2022, cette anxiété est inférieure en Jordanie et presque à égalité au Cambodge. Les élèves plus anxieux en mathématiques obtiennent généralement de moins bons résultats. En Amérique latine, 20 % des professeurs estiment que les mathématiques sont plus faciles pour les garçons. Promouvoir l’égalité des sexes dans les filières STIM est fondamental pour l’innovation et le bien-être social. Les pays où les femmes sont majoritaires dans ces filières, comme la Syrie et la Tunisie, montrent qu’un changement est possible.

Comment les modèles de réussite influencent les choix des jeunes filles ?

Les modèles de réussite jouent un rôle fondamental dans l’orientation professionnelle des jeunes filles. Lorsqu’elles manquent de figures féminines dans les sciences, les filles peuvent se sentir moins encouragées à poursuivre des carrières dans ces domaines. Les figures emblématiques, telles que Marie Curie ou Ada Lovelace, bien que célèbres, semblent parfois éloignées de la réalité quotidienne des étudiantes. Il faut promouvoir des modèles contemporains, visibles et accessibles, pour inspirer les nouvelles générations. Les médias et l’éducation devraient valoriser davantage les réussites féminines dans les sciences pour briser les stéréotypes et encourager les vocations.

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Le manque de modèles féminins dans les sciences n’est pas seulement un problème d’inspiration, mais aussi de représentation. Les jeunes filles ont besoin de voir des femmes qui réussissent dans des rôles scientifiques pour se projeter dans ces carrières. Les initiatives visant à créer des programmes de mentorat où des femmes scientifiques partagent leurs expériences avec des étudiantes peuvent avoir un impact significatif. Ces interactions directes permettent de démystifier les parcours scientifiques et de renforcer la confiance des jeunes filles en leurs capacités à réussir dans ces domaines.

Les environnements éducatifs peuvent influencer les perceptions des filles concernant les sciences. Un environnement scolaire inclusif et encourageant est essentiel pour susciter l’intérêt des filles pour les matières scientifiques. Les enseignants ont un rôle clé à jouer en adoptant des méthodes pédagogiques qui valorisent la participation des filles et en déconstruisant les stéréotypes de genre dans les classes. Des activités pratiques, des projets collaboratifs et une approche pédagogique qui valorise la diversité des talents peuvent contribuer à rendre les sciences plus attrayantes pour les jeunes filles.

Le choix des maths : une décision vraiment libre ?

Les élèves ne choisissent pas toujours d’abandonner les mathématiques; souvent, c’est le système éducatif qui les y pousse. Les structures éducatives influencent les décisions des étudiants en orientant subtilement leurs choix. Cela peut résulter de conseils d’orientation ou de la perception des mathématiques comme une discipline exigeante.

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L’orientation vers les filières scientifiques est souvent influencée par l’origine sociale, ce qui peut restreindre l’accès pour certaines filles de milieux modestes. Cette inégalité d’accès crée des barrières invisibles mais bien réelles, limitant ainsi la diversité dans ces domaines. Les ressources et le soutien familial jouent un rôle capital dans ces décisions.

Les filles, en particulier, peuvent hésiter à s’engager dans des filières perçues comme trop sélectives. Cette hésitation renforce l’autocensure et perpétue les inégalités. La perception de la difficulté décourage souvent les candidates, les poussant à se détourner de ces parcours. Encourager la confiance et offrir des modèles de réussite pourrait inverser cette tendance.

Émilie (Limoges) « seulement 28% des ingénieurs en France sont des femmes.. »

J’ai toujours été passionnée par les sciences, et en grandissant à Limoges, j’ai eu la chance de suivre un parcours en ingénierie. J’ai remarqué que dans ma promotion, nous étions seulement 25% de femmes. Cela m’a fait réfléchir sur le déséquilibre entre les sexes dans notre domaine. Selon une étude récente, seulement 28% des ingénieurs en France sont des femmes, ce qui montre que le chemin est encore long pour atteindre l’égalité. Cette réalité a souvent suscité des discussions animées parmi mes collègues, surtout lorsqu’on évoque la nécessité de renforcer la diversité dans nos équipes.

En parallèle, j’ai observé que la situation est inverse dans d’autres filières. Par exemple, dans les domaines comme la médecine ou le droit, les hommes semblent être en minorité. D’après le ministère de l’Éducation nationale, en 2022, 58% des étudiants en médecine étaient des femmes. Cette situation m’interpelle car elle soulève des questions sur les stéréotypes de genre et les choix de carrière. Je me demande souvent comment encourager une plus grande diversité dans tous les secteurs, afin que chacun puisse choisir son chemin sans être influencé par des préjugés.

En fin de compte, mon expérience à Limoges m’a appris que la diversité est essentielle non seulement pour l’équité, mais aussi pour enrichir nos perspectives. En travaillant avec des équipes nombreuses, j’ai pu constater à quel point les idées et solutions sont plus créatives et efficaces. J’espère que dans les années à venir, nous verrons une évolution positive dans la représentation des genres dans toutes les filières professionnelles.

Egalité entre les filles et les garçons en primaire

 

Fabrice DURAND

Fabrice DURAND

Entrepreneur et passionné par l'orientation professionnelle, j'ai créé terminales.fr pour vous accompagner dans le choix de vos études supérieures. Je suis également responsable du groupe Facebook Orientation scolaire, et de nombreux sites consacrés aux métiers.

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